HPVscope
Ce projet est porté par l’Institut Gustave Roussy.
CONTEXTE
Les papillomavirus humain (HPV) sont responsables de l’infection sexuellement transmissible la plus répandue dans le monde. L’infection persistante par l’HPV est un facteur clé dans le développement des lésions malpighiennes intra-épithéliales de haut grade (HSIL) et des cancers associés. Responsables de 5 % des cancers dans le monde, les HPV sont principalement impliqués dans les cancers du col de l’utérus et de l’oropharynx, mais également dans les cancers du vagin, de la vulve, de l’anus, du pénis et, plus rarement, certains cancers de la peau (carcinome spinocellulaire) et de l’œsophage.
La persistance de l’infection par les HPV résulte d’interactions complexes entre la réponse immunitaire de l’hôte et les écosystèmes microbiens de différents sites anatomiques, influençant la clairance virale, l’évasion immunitaire et la progression tumorale. Le microbiote intestinal, bien connu pour son rôle dans la carcinogenèse et la réponse aux traitements antitumoraux, est de plus en plus étudié pour ses liens avec les microbiotes vaginal, urinaire et oropharyngé, qui jouent un rôle clé dans la modulation immunitaire. Les infections à HPV affectant plusieurs muqueuses et la peau, une infection génitale peut ainsi accroître le risque d’infection oro-pharyngée. Seuls 10 % des patients développent une infection persistante, un processus probablement influencé par le microbiote. La caractérisation des microbiotes intestinal, vaginal et oropharyngé est essentielle pour le développement d’outils de dépistage personnalisés.
La réponse immunitaire joue également un rôle central dans la progression des lésions HSIL et des cancers liés aux HPV. Une meilleure compréhension des interactions entre l’immunité systémique et tumorale pourrait permettre l’identification de biomarqueurs prédictifs de la progression de la maladie et de la réponse aux traitements. La persistance de l’infection aux HPV et son pouvoir carcinogène sont influencés par des altérations du génome viral (c.-à-d. mutations et/ou modifications épigénétiques) et/ou son intégration dans le génome de l’hôte.
OBJECTIFS
Objectif principal
L’objectif principal de notre projet est de développer un outil de dépistage personnalisé permettant d’évaluer le risque de progression vers un HSIL ou un cancer chez les patients infectés par l’HPV. Cet outil se baserait sur l’identification des caractéristiques virales et immunitaires spécifiques incluant l’étude des microbiotes loco-régionaux des patients porteurs de HSIL ou de cancers liés au HPV, ainsi que des témoins (patients sans tumeur, HPV- et HPV+). L’objectif serait de corréler ces données avec des facteurs personnels tels que l’âge, le tabagisme, et les comportements sexuels. À long terme, ce processus permettrait de stratifier le risque des patientes infectées par les HPV de développer des tumeurs. Ce score de risque personnalisé devra être validé par une étude prospective ultérieure.
Objectifs secondaires
Caractérisation des infections persistantes aux HPV
- Signature immunitaire : Étudier l’interaction entre le microbiote (intestinal, vaginal, oropharyngé, cutané) ainsi que la réponse immunitaire systémique et locale (tumorale).
- Signature virale : Analyser les altérations du génome viral (c.-à-d. mutations, méthylation) et son intégration dans celui de l’hôte.
DERNIERS/PRINCIPAUX RESULTATS
Nous avons mis au point un outil de détection des 12 génotypes oncogéniques HPV dans le sang des patients atteint de cancers liés aux HPV. Nous avons montré que cette détection reflète la charge tumorale détectée au même moment sur l’imagerie tumorale et corrèle avec le pronostic du malade. Nous pouvons nous affranchir ainsi de connaître d’avance le génotype du patient étant donné que nous mesurons les 12 génotypes d’un coup.