ETUDE COGFRAIL
L’étude COGFRAIL est portée par le CHU de Toulouse – Toulouse Gérontopôle
CONTEXTE
La fragilité physique et les troubles cognitifs sont deux compli- cations fréquentes du vieillissement. Plusieurs mécanismes physio- pathologiques peuvent contribuer à la co-expression de ces deux syndromes liés à l’âge incluant des facteurs vasculaires, hormonaux, ou nutritionnels. Ils peuvent également être la conséquence d’une dérégulation systémique provoquée par les mécanismes biologiques du vieillissement.
Plusieurs études suggèrent également un lien direct entre la présence de lésions amyloïdes cérébrales retrouvées dans le cadre de la maldie d’Alzheimer et la fragilité physique. Cependant peu d’études se sont intéressées à la prévalence de ces lésions chez les sujets âgés fragiles.
Notre objectif principal est d’évaluer la prévalence des sujets présentant une amyloïdopathie cérébrale au sein d’une population de sujets âgés avec fragilité cognitive.
“Avec le vieillissement de la population, notre pratique médicale doit s’adapter à des sujets âgés de plus de 80 ans, or les connaissances scientifiques sont faibles sur ces tranches de la population“
Pr. Bruno VELLAS, Coordinateur du Gérontopôle du CHU de Toulouse
RÉSULTATS
Rapport d’avancée de l’étude (23/06/2021)
Trois cent dix sept sujets ont été inclus durant la période d’inclusion (03/01/2017 au 28/02/2020). Un total de 163 (41%) participants sont toujours en cours d’étude (suivi de 2 ans), 130 (41%) ont terminé l’étude, et 103 (32.5 %) patients sont sortis prématurément de l’étude (dont 24 décès).
Premiers résultats
A l’inclusion, les participants ont une moyenne d’âge de 82.6 ans (± 5.2 ans), sont majoritairement de sexe féminin (64%), avec un score MMSE moyen de 24.3 (± 2.8)).
Sur le plan physique, 55.1% sont pré-fragiles et 44.9% fragiles, avec une vitesse de marche moyenne à 0.79 (±0.22).
Parmi les 176 TEP-amyloïdes déjà analysées, la prévalence des sujets présentant une amyloïdopathie cérébrale est de 54% d’après l’analyse quantitative (cut-off SUV à 1.17).
Les sujets amyloïdes positifs et négatifs diffèrent peu sur le plan socio- démographique, médical, fonctionnel, nutritionnel et cognitif.
Il faut cependant retenir que les sujets amyloïdes négatifs ont un IMC significativement plus élevé (27.6± 5.1 vs 25.8±4.0, p=0.010), ont plus fréquemment un antécédent de diabète (32.5% vs 12.5%, p=0.001), un taux de vitamine D plus bas (20 [14.5-31.5] vs 25.5 [18-34], p=0.044), et un volume hippocampique plus faible (2.34 [1.88-2.39] cm3 vs 2.45 [2.09-2.57], p=0.0113).
PERSPECTIVES
- Le dosage de sanguin de phospho-tau-181 et de neurofillaments sanguins avec pour objectif de mieux phénotyper sur le plan neurologique la population de l’étude.
- Le développement d’hypothèses de type géroscience visant à évaluer le lien entre les principaux mécanismes génétiques, moléculaires et cellulaires du vieillissement et la fragilité cognitive, avec une approche métabolomique et épigénétique grâce aux prélèvements sanguins, de marqueurs du microbiote intestinal, de senescence grâce à des prélèvements de selles, de cheveux et de peau (biopsie cutanée).
- Le dosage des PBMC (Peripheral Blood Mononuclear Cell) est implémenté depuis 2020 et permettra d’étudier le lien entre les agents pathogènes neurotropes, l’immunité cellulaire et la maladie d’Alzheimer.
PUBLICATION
Sourdet, S., Soriano, G., Delrieu, J. et al. Cognitive Function and Amyloid Marker in Frail Older Adults: The Cogfrail Cohort Study. J Frailty Aging (2020). https://doi.org/10.14283/ jfa.2020.57